Le programme de fidélité, nouveau levier de fidélisation des intérimaires
Les employeurs travaillent leur marque employeur pour attirer et fidéliser leurs salariés. De la même manière, les agences d'intérim s’intéressent à la fidélisation de leurs intérimaires. Et certaines vont même jusqu’à lancer de véritables programmes de fidélité indexés sur le nombre d’heures effectuées par les intérimaires.
C’est le cas de l’un des poids lourds du secteur : Adecco. Son programme, baptisé Le Club, repose sur un système de badges : bronze à partir de 450 heures (soit trois mois à temps plein) de mission effectuées sur les douze derniers mois, argent à partir de 900 heures et or à partir de 1 351 heures ou pour les salariés en CDI intérimaire. Ces badges permettent d’acheter à prix réduit des cartes ou chèques cadeaux. Les réductions, allant de 5 à 7% pour les plus grosses enseignes et jusqu’à 20% pour le contrôle technique, peuvent être utilisées sans plafond de dépense et autant que souhaité. “Nous avons lancé ce programme de fidélité le 1er juillet dernier, suite à des enquêtes menées auprès de nos intérimaires. Ils partageaient le besoin d’avoir des marques de reconnaissance”, retrace Ariane Trofimoff, directrice candidats et intérimaires.
Le programme conçu par Adecco repose sur un partenariat avec quatre-vingt enseignes, qui ne sont pas toutes accessibles dès le premier badge. “Qu’on soit bronze, argent, ou or, tout le monde a besoin de faire ses courses. Sur ce point, il n’y a donc pas de distinction : tous les statuts ont accès aux réductions dans les enseignes de la grande distribution, fait savoir Ariane Trofimoff. En revanche, certaines enseignes, notamment de décoration, de beauté ou de mode, ne sont accessibles qu’à partir du badge argent ou or.”
Fidéliser pour plus de réactivité
L’intérêt pour les réseaux d’intérim qui mettent en place ce genre de systèmes est d’inciter les intérimaires à accepter davantage de missions, tout en restant dans le même réseau. “Le métier d’une agence, c’est la réactivité, rappelle Jean Pralong, professeur en gestion des ressources humaines à l’EM Normandie. Elle doit rapidement faire coïncider les besoins des entreprises clientes et des intérimaires. Fidéliser ces derniers permet d’avoir sous la main des personnes rapidement délégables. Les programmes de fidélité permettent aussi d’encourager les intérimaires disponibles, compétents, qualifiés.”
Side, start-up du recrutement en intérim rachetée par Randstad en 2022, a lancé le sien en 2020. Objectif affiché sur le site : “récompenser [les intérimaires] et [les] encourager à fournir un travail exceptionnel”. Le pureplayer leur attribue un score en fonction des appréciations données par les entreprises, de l’assiduité en mission et de la rapidité de déclaration des heures. Selon le score obtenu et le nombre d’heures travaillées, l’intérimaire accède à un statut junior, pro ou master et peut, entre autres, bénéficier d’une prime mensuelle de 10 euros pour les “pro” et de 30 euros pour les “master”. Une reconnaissance financière qui est intégrée à la paie.
L’accent mis sur le pouvoir d’achat
En lançant leurs programmes de fidélité, les réseaux d’intérim peuvent avoir d’autres ambitions. Adecco, par exemple, souhaitait se “positionner dans le contexte de crise de pouvoir d'achat". C’est ce que met aussi en avant Staffmatch, dont le programme de fidélité a été lancé en 2022. Il s’articule autour de quatre statuts, bronze, silver, gold et platinum, accordés en fonction du nombre d’heures travaillées. Les intérimaires qui obtiennent les statuts silver, gold et platinum reçoivent un bonus exceptionnel de 50, 100 ou 250 euros, versés sur une cagnotte à dépenser sur la boutique en ligne du CSE. Mais surtout, des bonus “palier” sont également prévus : 75 euros toutes les 400 heures de mission pour les statuts or et 100 euros pour les platinum. La start-up revendique avoir distribué un total de 300 000 euros de bonus sur les cagnottes de ses intérimaires en 2023.
Chez Adecco, 90 000 euros ont été dépensés par les intérimaires via le programme Le Club depuis son lancement en septembre. Si 150 000 intérimaires sont éligibles, le groupe ne communique pas sur le nombre de personnes en ayant bénéficié, ni sur son efficacité. “J'ai fait une enquête pour savoir quelle était la satisfaction des intérimaires quant à ce programme. Dès lors qu’il est connu, 93% nous disent que c’est une bonne idée”, se félicite Ariane Trofimoff. Ce programme s’inscrit bien sûr dans une plus grande stratégie de fidélité pour Adecco. “Il va de pair avec le parrainage, une approche classique de recommandation d’un ami ou d’une connaissance”, note la directrice candidats et intérimaires avant de rappeler que le “principal levier de fidélisation reste l’accueil en agence”.