Intérim et écologie : vers des missions plus vertes ?


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12 mars 2024

Dans l’intérim aussi, la transition écologique s’opère et pas forcément là où on y pense de prime abord. Sous notre nez, chaque jour, les travailleurs intérimaires oeuvrent au côté des CDD et CDI à construire le paysage urbain de demain.


Agir pour l’environnement lorsque l’on est intérimaire peut sembler une bien vaste mission. Pourtant, rien ne sert de chercher bien loin pour trouver les acteurs majeurs de la transition écologique dans l’intérim.


Missions vertes dans l’intérim : de quoi parle-t-on ?


Lorsque l’on pense « métiers verts », on peut avoir en tête les batteries des voitures électriques et le parc éolien, nécessitant des compétences industrielles aussi pointues que novatrices. Pourtant, « si certaines compétences écologiques augmentent dans beaucoup de métiers pour accompagner la transition, le changement le plus important s’observe davantage dans la recherche de certains métiers aux activités plutôt traditionnelles, notamment dans le bâtiment », précise ainsi Cécile Jolly, économiste et pilote dans la prospective des métiers auprès de France Stratégie.


« D’ici à 2030, les créations d’emplois seront très différentes d’un métier à l’autre. Certains métiers connaîtront une forte croissance – comme dans l’informatique, les métiers liés aux soins et à l’aide aux personnes âgées, les métiers qualifiés du bâtiment, les cadres du privé (hors finance) –, tandis que d’autres verront leurs effectifs diminuer », peut-on ainsi dans le rapport Quels métiers en 2030 ? de France Stratégie et de la Dares, « entre 2019 et 2030, chez les ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment, le déséquilibre potentiel entre les 177 000 besoins de recrutement (soit 150 000 départs en fin de carrière plus 27 000 créations nettes d’emploi) et le nombre de jeunes débutants (107 000) serait de 70 000. Quatre recrutements sur dix (40 %) pourraient être difficiles, les besoins n’étant que partiellement couverts par les jeunes débutants. »


Ceci pour une raison bien simple : dans le bâtiment, ce milieu en tension constante où l’emploi d’intérimaires est plus que fréquent, la transition écologique est en cours et constitue un chantier massif, sans mauvais jeu de mots. « Les compétences écologiques se sont accentuées pour les couvreurs, par exemple, qui se forment à la pose de panneaux photovoltaïques », poursuit l’experte. Qu’il s’agisse de rénovation énergétique ou de construction neuve, les enjeux sont les mêmes : construire un parc immobilier plus écologiquement responsable. Pour cela, les ouvriers du second et du gros oeuvre sont donc en première ligne. Charpentiers, couvreurs, plombiers, électriciens… Tous ont leur rôle à jouer dans la transition écologique.


« Côté transport également, sur le matériel de transport, un effort énorme est fait sur les véhicules propres, avec notamment des règlementations inspirées de l’Union Européenne, dont l’interdiction du moteur thermique et le passage à l’électrique », complète Cécile Jolly. Ces objectifs viennent tout naturellement challenger le secteur des transports, et nécessite également quelques ajustements et formations des travailleurs et travailleuses.


Nouvelles attentes des structures d’accueil : comment s’y préparer ?


Seulement voilà, ces postes constituant des rôles d’exécutant, encore faut-il pouvoir répondre aux attentes des structures d’accueil, dont les enjeux ont aujourd’hui changé pour la plupart. Car oui, au fil des nouvelles réglementations, les exigences en matière de construction et de normes énergétiques dans le bâtiment posent quelques questions de formation au sein de la main d’oeuvre employée.


« Ce sont des métiers qui vont être en croissance, quelle que soit la réduction de la construction neuve qui ne suffira pas à pallier les besoins accrus en matière de rénovation », souligne Cécile Jolly, « Mais ce sont également des métiers qui nécessitent une spécialité de formation, avec des contraintes de temps, des pénibilités physiques et des salaires qui sont pas toujours mirobolants ». L’experte note qu’aujourd’hui, les problèmes de qualité au rendu final traduisent un manque de formation aux nouvelles techniques, nouveaux matériaux du bâtiment, mais également au numérique, soutien non négligeable à la rénovation et à l’optimisation énergétique dans ce domaine. « Or, la formation a un coût : pas seulement celui de la formation en elle-même, mais également celui du temps passé à se former, pendant lequel on ne perçoit pas de salaire », poursuit Cécile Jolly, « C’est pour cette raison que les branches professionnelles réfléchissent à des formations plus courtes, dispensées directement sur le lieu de travail ».


Côté intérimaires, cette initiatives permettrait ainsi d’évoluer « sur le tas », et d’optimiser leurs compétences en continu au fil des missions. Cela suppose, bien entendu, que les entreprises et structures d’accueil incluent les intérimaires dans ces possibilités de formation.


Le rôle des agences d’interim dans la transition écologique


En tant que lien entre les forces intérimaires et les structures d’accueil, les agences d’intérim ont également leur rôle à jouer dans cette transition écologique déjà engagée. Plusieurs processus peuvent être mis en place afin de favoriser l’emploi régulier des intérimaires dans les secteurs directement concernés par ce passage « au vert ».


Cela passe notamment par l’identification des besoins desdites structures d’accueil : quelles sont les dernières évolutions dans le domaine, et quelles nouvelles compétences recherchent-elles ? Quels sont les manques observés lors des précédentes missions exécutées par les derniers intérimaires en date ? Autant de questions dont les réponses permettent aux agences d’orienter correctement leurs forces vives vers des missions qui leur correspondent. « Et pour celles et ceux qui ne répondent pas à ces nouveaux critères ? », vous demandez-vous peut-être. Pour elles et eux, l’orientation vers une formation complémentaire peut être un bon moyen de se mettre à jour dans les pratiques écologiques afin de correspondre dès aujourd’hui au marché de l’emploi de demain.


D’où l’importance, une fois de plus, de soigner le lien entre intérimaires et agences, afin de connecter pleinement tous les maillons de la chaine pour des missions intérimaires plus « vertes », et des structures d’accueil pleinement soutenues dans leur transition écologique.

© MidJourney
12 mars 2024